François Le Villard

"- Mon activité s'est récemment étendue au continent dit Holmes après un moment, tout en bourrant sa vieille pipe de bruyère. J'ai été consulté la semaine dernière par François le Villard, qui, comme vous le savez certainement, est actuellement à la pointe des services de police français.

Il a toutes les qualités d'intuition propres aux Celtes, mais il pêche en ce qui concerne les connaissances précises nécessaires aux plus hauts développements de cet art."

C'est par ces quelques mots que François le Villard est introduit par Holmes. (Chapitre premier du Signe des quatre).

Mais ces quelques mots lus aujourd'hui n'ont certainement pas l'impact qu'ils pouvaient avoir à la fin du XIXème. Car pour la police française c'est un peu la période de la honte. En soixante ans la criminalité à quadruplé en France, en 1855 les renseignements généraux sont créés pour prendre la température populaire et traquer les anarchistes et les extrémistes de gauche. L'affaire Auguste Vaillant (anarchiste condamné à mort) vaut au président Sadi Carnot d'être assassiné en 1894 pour ne pas l'avoir gracié.

Albert Stauss écrit en 1898 : "Ce qu'est notre police : un corps sans cohésion, sans hiérarchie, sans chef véritable, qui n'est au fond qu'un agrégat de petits groupes autonomes, agissant en un cercle restreint, sans solidarité, avec presque la haine du voisin... Voilà le système qui a prédominé depuis la Révolution." (Des autorités investies des attributions de police - 1898)

Les mots de Holmes se teintent alors d'ironie à la lumière du contexte, d'autant que la fameuse entente cordiale en pleine léthargie s'empresse de ne pas régler les antagonismes franco-britanniques notamment sur le dossier africain.

Et, comme pour appuyé son propos il associe à qualités le mot Celtes, concrétisant l'idée d'un recul de la société française.

La supériorité anglo-saxonne dans le domaine des techniques d'investigations n'en demeurera, pour le moins, jamais une vision de l'esprit.

Eric B.D.